The Spatial Brain Team, au sein de l’INCC, a publié un article dans l’un des plus prestigieux journaux du domaine des neurosciences : The Journal of Neuroscience. Cette étude, commencée en 2016 en collaboration avec l’Université Catholique de Louvain (the GRIP experiment), a bénéficié de la participation de 11 astronautes avant, pendant et après leur mission de plusieurs mois à bord de la station spatiale internationale.

© crédit ESA/NASA

Dans cette expérience nous avons identifié un rôle inattendu de la gravité dans le traitement neural qui sous-tend la coordination visuo-manuelle.

Lorsque les astronautes en apesanteur effectuent, les yeux fermés, des mouvements entre deux cibles mémorisées, la direction de la trajectoire suivie par leurs mains s’écarte de la ligne réelle entre les cibles, avec une rotation de plus en plus importante à mesure que le temps écoulé depuis la fermeture des yeux augmente. Nous avons observé le même type de dérive directionnelle sur Terre, mais uniquement lorsque les astronautes effectuaient les mouvements en étant allongés sur le dos, et même dans ce cas, seulement lorsque les mouvements sont perpendiculaires à la gravité. Aucune dérive de ce genre ne se produit lorsque les yeux sont ouverts ni lorsque la tête ou les mouvements des mains sont alignés à la verticale (systèmes instables).

Ces observations uniques nous ont conduit à proposer une nouvelle hypothèse dite du « pendule inversé ». Cette hypothèse explique comment le cerveau utilise la gravité afin de mettre en concordance ce que nous voyons et mémorisons des objets autour de nous avec les gestes nécessaires pour les manipuler.

Nous arrivons à la conclusion contre-intuitive que, en l’absence de vision, l’instabilité posturale est exploitée par le cerveau pour maintenir la stabilité des coordinations visuo-manuelles.

Retrouvez l’article sur le site du journal :
https://www.jneurosci.org/content/early/2025/01/17/JNEUROSCI.1384-24.2024